16 mai 2003 - Loi fixant les dispositions générales applicables aux budgets, au contrôle des subventions et à la comptabilité des communautés et des régions, ainsi qu'à l'organisation du contrôle de la Cour des comptes
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ALBERT II, Roi des Belges,
A tous, présents et à venir, Salut.
Les Chambres ont adopté et Nous sanctionnons ce qui suit:

Art.  1er.

La présente loi règle une matière visée à l'article 77 de la Constitution.

Art.  2.

La présente loi est applicable à:

1° la Communauté flamande et la Région flamande;

2° la Communauté française;

3° la Communauté germanophone;

4° la Région wallonne;

5° la Région de Bruxelles-Capitale;

6° la Commission communautaire commune.

Art.  3.

Les recettes et les dépenses, afférentes à chaque année budgétaire, sont estimées et autorisées par des décrets ou des ordonnances annuels.

L'année budgétaire commence le 1er janvier et se termine le 31 décembre suivant.

A défaut d'une disposition de loi organique, il faut prévoir, pour chaque allocation inscrite au budget des dépenses, une disposition spéciale qui précise la nature de ladite allocation.

Art.  4.

Le budget comprend au moins:

1° en recettes, les droits qui seront constatés au profit de la communauté ou de la région au cours de l'année budgétaire.

2° en dépenses:

a) les crédits à concurrence desquels des sommes peuvent être engagées du chef d'obligations nées ou contractées à charge de la communauté ou de la région au cours de l'année budgétaire;

b) les crédits à concurrence desquels des sommes peuvent être liquidées au cours de l'année budgétaire, du chef des droits acquis à charge de la communauté ou de la région en vue d'apurer des obligations préalablement engagées.

Par dérogation au 2°, a) , pour les obligations récurrentes dont les effets s'étendent sur plusieurs années, les crédits de dépenses ne couvrent que les sommes qui seront exigibles au cours de l'année budgétaire.

En outre, par dérogation au 2°, b) , le budget peut prévoir que, pour les dépenses qu'il désigne, les crédits à concurrence desquels des sommes peuvent être liquidées sont non-limitatifs.

Art.  5.

Chaque communauté et région tient une comptabilité générale sur la base d'un plan comptable normalisé, établi par un arrêté royal délibéré en Conseil des ministres après avis des gouvernements des communautés et régions visées à l'article  2 .

Le plan comptable comprend au moins:

1° les classes des comptes de bilan et des comptes des charges et produits destinées à l'enregistrement des opérations dans le cadre de la comptabilité générale;

2° les classes des comptes budgétaires destinées à l'enregistrement des recettes et des dépenses selon leur classification économique dans le cadre de la comptabilité budgétaire;

3° la classe des comptes d'ordre économiques et budgétaires.

Art.  6.

La comptabilité générale est tenue selon les règles usuelles de la comptabilité en partie double. Elle s'étend à l'ensemble des avoirs et droits de la communauté ou de la région, de ses dettes, obligations et engagements de toute nature.

Toute opération comptable est inscrite sans retard, de manière fidèle et complète et par ordre de dates, à l'appui d'une pièce justificative.

L'exercice comptable commence le 1er janvier et se termine le 31 décembre suivant.

Art.  7 .

Chaque communauté et région dresse, dans la même forme que le plan comptable, un inventaire annuel des éléments actifs et passifs de son patrimoine.

Art.  8.

La comptabilité budgétaire est tenue en liaison avec la comptabilité générale. Elle doit permettre un suivi permanent de l'exécution du budget de la communauté ou de la région.

Art.  9.

Chaque communauté et région présente, au plus tard le 31 août de l'année suivante, un compte général qui comprend:

1° le compte annuel, composé:

– du bilan au 31 décembre;
– des comptes de résultats établis sur la base des charges et produits de l'exercice écoulé;
– du compte de récapitulation des opérations budgétaires de l'année, en recettes et en dépenses.

2° le compte d'exécution du budget, établi à partir de la comptabilité budgétaire, dans la même forme que le budget.

Art.  10.

§1er La Cour des comptes est chargée du contrôle de la comptabilité générale et de la comptabilité budgétaire des communautés et régions visées à l'article  2 . Elle veille à ce qu'aucun crédit de dépenses du budget ne soit dépassé et qu'aucun transfert n'ait lieu.

Elle est chargée également de l'examen et de la liquidation des comptes de tous les comptables de ces communautés et régions.

La Cour des comptes examine la légalité et la régularité des dépenses et des recettes. En ce qui concerne ces dernières, la Cour exerce un contrôle général sur les opérations relatives à l'établissement et au recouvrement.

La Cour des comptes contrôle le bon emploi des deniers publics; elle s'assure du respect des principes d'économie, d'efficacité et d'efficience.

La Cour des comptes est habilitée à se faire communiquer tous documents et renseignements, de quelque nature que ce soit, relatifs à la gestion des services et organismes publics soumis à son contrôle.

Elle peut organiser un contrôle sur place.

( § 1er/1. Au plus tard à partir des comptes de l'année budgétaire 2020, le compte général de chaque Communauté et Région visée à l'article 2 de la présente loi est soumis pour certification à la Cour des comptes. – Loi du 10 avril 2014, art. 3)

La Cour des comptes exerce à l'égard de ces organismes publics le contrôle défini au §1er.

Elle peut publier leurs comptes dans ses Cahiers d'observations.

§3. Les dispositions de la loi du 29 octobre 1846 relative à l'organisation de la Cour des comptes qui concernent la compétence juridictionnelle de la Cour à l'égard des comptables de l'Etat s'appliquent aux comptables des communautés et régions visées à l'article 2.

Art.  11.

Toute subvention accordée par les communautés et régions énumérées à l'article  2 ou par une personne morale subventionnée directement ou indirectement par une de ces communautés et régions, en ce compris toute avance de fonds récupérable consentie par elles sans intérêt, doit être utilisée aux fins pour lesquelles elle est accordée.

Sauf dans les cas où un décret, une ordonnance ou une disposition réglementaire y pourvoit, toute décision allouant une subvention précise la nature, l'étendue et les modalités de l'utilisation et des justifications à fournir par le bénéficiaire de la subvention.

Tout bénéficiaire d'une subvention doit justifier de l'emploi des sommes reçues, à moins que le décret ou l'ordonnance ne l'en dispense.

Art.  12.

Par le seul fait de l'acceptation de la subvention, le bénéficiaire reconnaît aux communautés et régions énumérées à l'article  2 le droit de faire procéder sur place au contrôle de l'emploi des fonds attribués.

L'organisation et la coordination des contrôles sont réglés par le gouvernement ou par le collège réuni. Ceux-ci font appel notamment, pour ce contrôle, aux inspecteurs des finances.

Art.  13.

Est tenu de rembourser sans délai le montant de la subvention, le bénéficiaire qui:

1° ne respecte pas les conditions d'octroi de la subvention;

2° n'utilise pas la subvention aux fins pour lesquelles elle est accordée;

3° met obstacle au contrôle visé à l'article  12 .

Lorsque le bénéficiaire de la subvention reste en défaut de fournir les justifications visées à l'article  11 , il est tenu au remboursement à concurrence de la partie non justifiée.

Art.  14.

Il peut être sursis au paiement des subventions aussi longtemps que, pour des subventions analogues reçues antérieurement, le bénéficiaire reste en défaut de produire les justifications visées à l'article  11 ou de se soumettre au contrôle prévu par l'article  12 .

Lorsqu'une subvention est payée par fractions, chaque fraction est considérée comme une subvention indépendante pour l'application du présent article.

Art.  15.

Sans préjudice des dispositions de l'article  16 , les règles de prescription du droit commun sont applicables aux communautés et régions visées à l'article  2 .

Art.  16.

§1er. Sont définitivement acquises à ceux qui les ont reçues les sommes payées indûment par les communautés et régions énumérées à l'article  2 en matière de traitements, d'avances sur ceux-ci ainsi que d'indemnités, d'allocations ou de prestations qui sont accessoires ou similaires aux traitements, lorsque le remboursement n'en a pas été réclamé dans un délai maximum de cinq ans à partir du 1er janvier de l'année du paiement.

§2. Pour être valable, la réclamation doit être notifiée au débiteur par lettre recommandée à la poste et contenir:

1° le montant total de la somme réclamée avec, par année, le relevé des paiements indus;

2° la mention des dispositions en violation desquelles les paiements ont été faits.

A dater du dépôt de la lettre recommandée à la poste, la répétition de l'indu peut être poursuivie pendant le délai prévu par le droit commun pour la prescription des actions personnelles.

§3. Le délai fixé au §1er est porté à dix ans lorsque les sommes indues ont été obtenues par des manoeuvres frauduleuses ou par des déclarations fausses ou sciemment incomplètes.

Art.  16/1 .

§ 1er. Il est créé une Commission de la comptabilité publique (CCP), ci-après dénommée la Commission, ayant pour mission :

1° de donner des avis aux gouvernements de l'Etat fédéral, des communautés et des régions et de la Commission communautaire commune, à la demande de ceux-ci ou d'initiative, en matière de normes de comptabilité publique;

2° de fournir des avis en vue d'adapter les normes du plan comptable et d'en développer les modalités d'application, en vue d'assurer son utilisation uniforme et régulière et sa conformité aux normes internationales applicables;

§ 2. Au sein de la Commission est créée une section chargée de l'examen technique des questions relatives à l'inventaire et aux règles d'évaluation et composée d'experts désignés par les gouvernements des communautés et des régions et de la Commission communautaire commune et pour l'Etat fédéral, par le Ministre du Budget et le Ministre des Finances.

– Loi du 18 janvier 2006, art. 3)

Art.  16/2 .

§ 1er. La Commission comprend :

1° deux membres désignés conjointement par le Ministre des Finances et par le Ministre du Budget;

2° deux membres désignés par le Gouvernement flamand;

3° un membre désigné par le Gouvernement de la Communauté française;

4° un membre désigné par le Gouvernement wallon;

5° un membre désigné par le Gouvernement de la Communauté germanophone;

6° un membre désigné par le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale;

7° un membre désigné par le Collège réuni de la Commission communautaire commune;

8° deux membres désignés par la Cour des comptes;

9° deux membres ayant la qualité d'Inspecteur des Finances, désignés par le ministre du Budget;

10° quatre membres désignés conjointement par le Ministre des Finances et le Ministre du Budget pour leurs connaissances et leur expérience dans le domaine de la comptabilité privée et publique, dont deux représentent l'Institut des comptes nationaux.

§ 2. Pour chaque membre, les autorités et institutions visés au § 1er désignent également un suppléant.

– Loi du 18 janvier 2006, art. 4)

Art.  16/3 .

Parmi les membres de la Commission visés à l'article précédent, sont nommés par le Roi, sur proposition du Ministre des Finances et du Ministre du Budget :

1° le président de la Commission;

2° les deux vice-présidents de la Commission.

– Loi du 18 janvier 2006, art. 5)

Art.  16/4 .

La Commission ne délibère valablement que si neuf de ses membres au moins sont présents.

– Loi du 18 janvier 2006, art. 6)

Art.  16/5 .

Les avis visés à l'article 16/1, § 1er, 1° sont rendus par la Commission à la majorité de ses membres présents. Les opinions minoritaires font l'objet d'une mention spécifique et sont annexées aux avis rendus.

Les avis et décisions visées à l'article 16/1, § 1er, 2° sont pris par la Commission à la majorité de ses membres présents. Elles sont soumises à l'approbation de la Conférence interministérielle des Finances et du Budget.

– Loi du 18 janvier 2006, art. 7)

Art.  16/6 .

Pour l'accomplissement de sa mission, la Commission peut faire appel à des experts externes.

– Loi du 18 janvier 2006, art. 8)

Art.  16/7 .

La Commission arrête son règlement d'ordre intérieur. Ce règlement est approuvé par la Conférence interministérielle des Finances et du Budget.

Ce règlement peut prévoir, aux conditions qu'il détermine, l'attribution de jetons de présence, l'attribution d'indemnités forfaitaires ou le remboursement des frais réels encourus aux membres de la Commission et aux experts visés aux articles 16/1, § 2 et 16/6.

– Loi du 18 janvier 2006, art. 9)

Art.  16/8 .

Le Roi détermine la durée des mandats des membres de la Commission, le mode de convocation de la Commission et prend les autres mesures nécessaires pour l'exécution de cette loi.

– Loi du 18 janvier 2006, art. 10)

Art.  16/9 .

Chaque Communauté et Région élabore son budget sur la base des prévisions macroéconomiques du budget économique de l'Institut des Comptes nationaux visé à l'article 108, g) de la loi du 21 décembre 1994 portant des dispositions sociales et diverses. Les éventuelles dérogations à ces prévisions sont explicitement mentionnées et justifiées dans les documents informatifs et justificatifs du budget.

– Loi du 10 avril 2014, art. 5)

Art.  16/10 .

Les données budgétaires afférentes aux dépenses et recettes réalisées sur base caisse ou sur base de la comptabilité sont mensuellement communiquées pour publication à l'Etat fédéral. Cet aperçu inclut les recettes et dépenses des institutions faisant partie du périmètre de consolidation tel que défini par l'Institut des Comptes nationaux.

Les données budgétaires trimestrielles afférentes aux dépenses et recettes réalisées sur base caisse ou sur base de la comptabilité des pouvoirs locaux qui tombent sous la tutelle des Communautés et Régions sont communiquées trimestriellement pour publication à l'Etat fédéral avant la fin du trimestre suivant, par la Communauté ou Région concernée.

L'organisation de la publication des données budgétaires sera réglée dans un accord de coopération.

– Loi du 10 avril 2014, art. 6)

Art.  16/11 .

Les documents informatifs et justificatifs accompagnant le budget de chaque Communauté et Région doivent contenir :

1° une analyse de sensibilité, reprenant un aperçu des évolutions des principales variables budgétaires en fonction de différentes hypothèses relatives au taux de croissance et d'intérêt;

2° une énumération de tous les organismes et fonds qui ne sont pas repris dans les budgets mais qui font partie du périmètre de consolidation tel que défini par l'Institut des Comptes nationaux ainsi qu'une analyse de leur impact sur le solde de financement et sur la dette publique;

3° pour les entités qui ont une compétence fiscale propre, des informations détaillées concernant l'impact de leurs dépenses fiscales sur leurs recettes. A cette fin, un inventaire des dépenses fiscales est joint au projet de budget, comprenant toutes les réductions, diminutions et exceptions au régime général de prélèvement des impôts qui s'appliquent pendant l'année budgétaire au profit des contribuables ou d'activités économiques, sociales ou culturelles.

– Loi du 10 avril 2014, art. 7)

Art.  16/12 .

§ 1. Le budget de chaque Communauté et Région s'inscrit dans un cadre budgétaire à moyen terme couvrant la législature et une période minimale de trois ans. Le budget annuel est complété par une programmation budgétaire pluriannuelle découlant du cadre budgétaire à moyen terme. La programmation budgétaire pluriannuelle comprend les éléments suivants :

1° des objectifs budgétaires pluriannuels globaux et transparents en termes de déficit public et de dette publique ou de tout autre indicateur budgétaire synthétique, telles que les dépenses;

2° des prévisions pour chaque poste majeur de dépenses et de recettes des autorités, à politique inchangée;

3° une description des politiques envisagées à moyen terme ayant un impact sur les finances des administrations publiques, ventilées par poste de dépenses et de recettes important, qui montre comment l'ajustement permet d'atteindre les objectifs budgétaires à moyen terme en comparaison des projections à politique inchangée;

4° une évaluation de l'effet que, vu leur impact direct à long terme sur les finances des administrations publiques, les politiques envisagées sont susceptibles d'avoir sur la soutenabilité à long terme des finances publiques.

§ 2. La programmation budgétaire pluriannuelle est basée sur les prévisions économiques de l'Institut des Comptes nationaux visées à l'article 108, g), de la loi du 21 décembre 1994 portant des dispositions sociales et diverses.

Le cadre budgétaire, la programmation budgétaire pluriannuelle et ses actualisations sont publiés avec les documents informatifs et justificatifs du budget.

Tout écart du budget annuel par rapport au cadre budgétaire est expliqué dans ces mêmes documents.

Un nouveau gouvernement peut actualiser le cadre budgétaire à moyen terme, défini par un gouvernement précédent, pour tenir compte de ses nouvelles priorités d'action. Dans ce cas, le nouveau gouvernement souligne les différences avec le précédent cadre budgétaire à moyen terme.

– Loi du 10 avril 2014, art. 8)

Art.  16/13 .

Tous les trois ans une évaluation, sur base de critères objectifs, des prévisions budgétaires utilisées lors de la confection du budget sera réalisée par un organisme indépendant. Si un écart significatif ressort de l'évaluation, la Communauté ou Région concernée prend les mesures nécessaires pour améliorer la méthodologie des prévisions budgétaires ultérieures et les rend publiques.

L'organisme indépendant sera désigné dans un accord de coopération.

– Loi du 10 avril 2014, art. 9)

Art.  16/14 .

Chaque Communauté et Région publie des informations pertinentes sur les engagements conditionnels susceptibles d'avoir un impact élevé sur le budget, y compris les garanties publiques, les prêts improductifs et les passifs découlant de l'activité d'entreprises publiques et des informations sur les participations au capital de sociétés privées et publiques pour des montants économiquement significatifs.

– Loi du 10 avril 2014, art. 10)

Art.  17.

La présente loi entre en vigueur le 1er janvier 2004. Toutefois, à la demande du gouvernement d'une des communautés et régions visées à l'article  2 , le Roi peut, sur proposition conjointe du Ministre des Finances et du Ministre du Budget, reporter la date d'entrée en vigueur, pour ce qui concerne la communauté ou la région qui en a fait la demande, au plus tard le 1er janvier 2007.

ALBERT

Par le Roi:

Le Ministre du Budget,

J. VANDE LANOTTE

Le Ministre des Finances

D. REYNDERS

Vu et scellé du sceau de l’Etat:

Le Ministre de la Justice

M. VERWILGHEN